Comme bien d’autres avant lui, Joël Aubie, originaire de Bathurst, a quitté sa province natale pour aller étudier et travailler. Mais en 2012, le chef est rentré chez lui pour établir le célèbre restaurant Fresco Kitchen.

Comment vous êtes-vous lancé dans cette entreprise?

J’ai commencé à cuisiner à 17 ans. Au cours de ma dernière année du secondaire à Bathurst, je cherchais une carrière à poursuivre. Un ami qui est chef cuisinier m’a suggéré d’essayer de travailler dans une cuisine. J’ai suivi son conseil. Je me suis rendu dans le restaurant le plus chic et j’ai dit que j’envisageais d’aller à une école culinaire, mais que je voulais d’abord voir à quoi ressemblait la vie dans une cuisine. On m’a immédiatement embauché. Je suis resté un an à cet endroit, puis je suis allé à l’école culinaire de l’Île-du-Prince-Édouard et je poursuis ma carrière depuis.

J’ai fait un stage à Ottawa, puis j’ai passé cet été-là à travailler à Vineland Estates, un vignoble de Niagara. Ensuite, je suis parti dans l’Ouest pour aller travailler à Tofino, en Colombie Britannique, où je suis resté pendant environ huit ans. Je suis rentré chez moi à Bathurst en 2012.

Qu’est-ce qui vous a ramené au Nouveau-Brunswick?

À Tofino, j’étais chef cuisinier dans un restaurant qui comptait 75 employés et qui réalisait un chiffre d’affaires de plus de 3 millions de dollars par année. Mais en fin de compte, je travaillais essentiellement pour quelqu’un d’autre, et je savais que le moment viendrait où je voudrais travailler pour moi-même. Mais je savais aussi que si j’allais créer ma propre entreprise, ce serait un engagement à long terme. Finalement, j’ai choisi Bathurst parce que c’est chez moi et je suis heureux de l’avoir fait. J’ai reçu beaucoup de soutien de la collectivité. Les gens étaient heureux de voir un jeune revenir pour créer une entreprise.

Parlez-nous un peu des années qui ont précédé l’ouverture de Fresco Kitchen.

J’ai lancé Jobie’s Food Truck en 2013, une entreprise de camion-restaurant que j’ai dirigée pendant cinq saisons. En basse saison, j’offrais beaucoup de services de traiteur. Je me suis rendu compte que la clientèle était suffisante pour ouvrir un petit restaurant de fine cuisine et que ce n’était pas un rêve lointain.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce domaine? Qu’est-ce que vous n’aimez pas?

Je me suis toujours bien débrouillé dans les rôles de leadership, donc être responsable de ma propre cuisine et de mon propre établissement est une grande partie de ce que j’aime dans ce métier. Savoir que mes efforts sont faits pour moi plutôt que pour quelqu’un d’autre est extrêmement gratifiant. Je pense que c’est beaucoup une question d’autonomie; je ne serais pas heureux de travailler pour quelqu’un d’autre à Bathurst.

En tant que propriétaire, j’ai la responsabilité de prendre soin de mes employés, de m’assurer qu’ils sont payés à temps et qu’ils sont satisfaits de ce qu’ils font. J’ai deux cuisiniers et trois serveurs, ce qui est très différent des 25 cuisiniers dont j’avais la charge à Tofino. Nous sommes peu nombreux, mais notre succès et nos moyens de subsistance dépendent du meilleur rendement de chacun. Heureusement, chaque personne qui travaille avec moi comprend le rôle qu’elle joue dans le succès du restaurant.

Quant à ce que je n’aime pas, je dirais que c’est très général, comme le stress qui accompagne le fait de posséder une petite entreprise. Le secteur de la restauration est difficile et les marges sont faibles.

Quel a été l’un de vos plus grands défis jusqu’à maintenant?

Nous étions à deux semaines de l’ouverture de Fresco en janvier 2017, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans le bâtiment et a causé de graves dégâts d’eau dans tout notre espace. Nous avons perdu tout notre matériel de cuisine et nous avons dû complètement vider le restaurant. Je n’avais jamais fait face à un tel défi; c’était personnellement dévastateur. Cette période a été difficile, mais nous avons finalement ouvert nos portes au début du mois de novembre 2017. Trouver des personnes pour travailler est également difficile. De nombreux jeunes quittent encore le Nouveau-Brunswick pour aller travailler ou étudier ailleurs.

Qu’est-ce qui vous inspire dans votre travail?

Je considère que c’est mon art, mon métier. Je suis passionné par ce que je fais et c’est ma façon de subvenir à mes besoins. Mais à la fin de la journée, la nourriture m’inspire toujours. Je continue à m’enthousiasmer pour les ingrédients locaux et frais, et j’ai la chance de faire quelque chose qui nourrit à la fois ma créativité et mon sens du service. Maintenant, plus que jamais, il s’agit de s’assurer que mes invités sont satisfaits de ce que je leur offre et d’ajouter une touche personnelle là où je peux. C’est tellement plus que de la cuisine.

Pouvez-vous penser à un exemple de la façon dont vous appuyez l’économie locale?

J’essaie de tout acheter localement. Quand j’ai démarré l’entreprise de camion-restaurant, j’achetais des produits locaux comme les petits pains et la viande, et c’est encore le cas aujourd’hui. Je vends de la bière Four Rivers, je fais mes courses au McLean’s Fish Shop et j’achète également le café du restaurant auprès d’un torréfacteur local.

Et, pourquoi ne voudrait-on pas acheter quelque chose produit ici même au Nouveau‑Brunswick et aider l’économie pendant qu’on y est!

Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui souhaitent démarrer une entreprise?

La meilleure chose que je puisse recommander, c’est d’être préparé. Faites vos études de marché et de produit, puis engagez-vous dans l’entreprise. C’est vraiment la seule façon d’avancer en tant qu’entrepreneur.

En tant qu’entrepreneur, que diriez-vous aux personnes qui vous demandent pourquoi vous avez choisi de vivre et d’exploiter une entreprise au Nouveau-Brunswick?  

La qualité de vie au Nouveau-Brunswick peut être extraordinaire si vos aspirations et vos intérêts correspondent à ce que la province a à offrir. Et c’est ce qui est formidable au Nouveau-Brunswick, car la province a beaucoup à offrir, que vos intérêts soient axés sur le plein air ou que vous préfériez un cadre urbain.

Pour plus d’information, visitez Fresco Kitchen.